Nous sommes en 1912, Claude Desnier aura 50 ans dans quelques mois, il est allé au bout du monde, de l'Algérie au Tonkin. Il n'a pas été épargné par les vicissitudes de la vie, il est veuf depuis 14 ans maintenant. Et voilà qu'en plus des tâches courantes liées au fonctionnement de sa ferme, il entreprend la construction d'une maison. Et pas n'importe laquelle, puisque plus de 100 ans après elle apparaît encore comme une maison "de maître".

On sait que c'est Elie Allias qui en a dressé les plans et en a suivi la construction depuis Paris où il travaillait. Je vous renvoie à ce sujet aux échanges de lettres entre les deux hommes que vous avez déjà pu voir dans la page consacrée à Elie la-maison-desnier-a-glenat. 

Pour ma part je me pose une question : pour qui Claude a-t-il construit cette maison ? Si ses deux fils avaient survécu à la guerre, se la seraient-ils partagée ? Auraient-ils vécu ensemble ? Je vous laisse la réponse.

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Vous trouverez ci-dessous une photo de l'ensemble immobilier de Glénat, dont la maison d'habitation, prise par hélicoptère en novembre 1995.

Rappelons-nous avant de lire ce qui suit qu'en 1870-71 la France a pris une bonne raclée de la part des Prussiens, et que dix ans plus tard la République encore naissante était persuadée de l'importance éducatrice de sa civilisation vis-à-vis de nombreuses peuplades étrangères réputées plus ou moins arriérées. C'est ainsi qu'elle offrit à nombre de ses enfants le ou les voyages de leur vie à l'occasion de leur service militaire. Claude Desnier fait partie de ces "bénéficiaires".

Claude est de la classe 1883, il a été reconnu bon pour le service par le conseil de révision avec le numéro 32 sur le canton d'Aigueperse. Il exerce alors la profession de cultivateur. Il est affecté au 3ème régiment de Zouaves à compter du 9 octobre 1884. Il est nommé caporal le 21 décembre 1885 et sergent le 10 décembre 1886.

Il est nommé en Algérie du 12 décembre 1884 au 18 mai 1887. Puis il fait partie de la Division du Tonkin et de l'Annam du 19 mai 1887 au 14 août 1888. Il revient en Algérie du 15 au 26 août 1888.

Il est enfin envoyé le 25 août 1888 en congé en attendant son passage dans la réserve de l'armée active le 1er juillet 1889.

Le certificat de bonne conduite lui a été accordé avec le grade de sergent.

Dans la réserve il a effectué 2 périodes d'entraînement, du 21 août au 21 septembre 1891 puis du 5 septembre au 2 octobre 1893 au 14e bataillon de Chasseurs à pied basé à Grenoble, et enfin une troisième du 3 au 15 octobre 1898 au 97e Régiment territorial d'Infanterie.

Il a été libéré du service militaire le 1er octobre 1909. le registre matricule ci-dessous rappelle ses états de service.

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Lettre adressée par Claude Desnier à ses parents le 25 janvier 1888 depuis le Tonkin. Il y parle de la mort de sa grand-mère, je pense qu'il s'agit de sa grand-mère maternelle Marie Berthon décédée le 24 novembre 1887 à Bussières-et-Pruns.

 A l'issue de la campagne du Tonkin, Claude a bénéficié d'une médaille commémorative :

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Ci-après vous trouverez quelques pages du livret militaire de Claude Desnier. Je dispose de la totalité du livret, que je peux vous montrer si vous le souhaitez. Mais il y a quand même beaucoup de pages blanches ...

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Ci-dessous, deux hymnes du 3ème Zouaves, dont je vous laisse le soin de retrouver la musique !!! Mais les paroles rappellent quelque chose aux plus anciens, dont je fais partie !!! Pan pan l'arbi les chacals sont par ici ... Le papier est malheureusement en triste état, un peu grignoté par endroits ...

Claude Desnier est né le 6 janvier 1863 à Glénat, commune d'Artonne. C'est le premier enfant de François, né le 29 septembre 1825 à Artonne, et de Jeanne Landon, née le 7 mai 1832 à Bussières-et-Pruns (Puy-de-Dôme).

Curieusement l'étude des fiches de recensement montre que de 1872 à 1896 inclus, Claude a changé de prénom et s'est fait appeler Auguste. Pour quelle raison, et pourquoi ensuite est-il revenu à son prénom initial ?

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Claude a accompli son service militaire du 8 décembre 1884 au 25 août 1888. Je vous laisse le soin de suivre ses aventures pendant cette période sur la page correspondante le-zouave-de-glenat.

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Un peu après la fin de son service Claude épouse à Artonne le 11 février 1890 Marie Pannetier, née le 16 avril 1869 à Glénat.

On relève que le même jour sa sœur Marie épouse Charles Bouchet, toujours à Artonne.

De cette union naîtront trois enfants, Irénée le 4 juin 1891, Auguste le 3 juin 1895 et Marie le 28 octobre 1897. Tous sont nés à Glénat

Marie Pannetier meurt de maladie le 22 août 1898 à Glénat, laissant à son époux la charge de trois enfants en bas âge. On imagine que ce dernier a fait largement appel aux deux grand-mères pour l'éducation des enfants, notamment à sa mère Jeanne Landon, qui était veuve depuis le 26/11/1893 et qui vivait avec son fils, comme l'attestent les recensements.

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Après une vie qu'on imagine active Claude Desnier a eu droit, de la part de la "Caisse nationale des retraites pour la vieillesse" à une retraite du montant astronomique de 18,65 francs par trimestre, soit 74,60 Francs annuels, avec jouissance du 1er mai 1923. Il a touché cette retraite jusqu'au 4 novembre 1947.

Compte tenu de ses antécédents militaires Claude avait également droit à la retraite du combattant. Le livret en notre possession est le 3ème, attribué le 3 avril 1945. A ce titre il perçoit 300 francs par trimestre. On relève que de cette date jusqu'à sa mort il est réputé habiter à La Ligier, à Charbonnières les Vieilles, c'est-à-dire chez sa sœur Marie. 

Enfin Claude touchait une pension au titre "d'ascendant de militaire" consécutive au décès face à l'ennemi de son fils Irénée en 1914. Cette pension s'élevait en 1946 à 1800 Fr par trimestre, soit 7200Fr par an.

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Claude Desnier-Pannetier n'était pas seulement un petit paysan ou un cultivateur comme tente de le faire croire l'armée, c'était aussi un propriétaire ! La preuve par cette carte de visite que j'ai en plusieurs exemplaires ! (format classique, 95x55 mm)

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Nous disposons enfin du livret de famille de Claude Desnier et Marie Pannetier :

Claude Desnier est mort à Glénat le 13 novembre 1947, à l'âge de 84 ans. J'avais 3 ans 1/2 et la famille m'a toujours dit que pour moi il était devenu "le pépé ptit ptit" (vieux, voûté, avec une canne ...)

Claude et son épouse Marie sont inhumés dans le caveau familial du cimetière d'Artonne

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Nous avons peu de photos de Claude Desnier, pour ma part je n'en connais que 3 : celle de janvier 1917 où il figure en arrière-plan derrière Auguste, celle du mariage de ce dernier, et celle-ci.

Extraite d'une photo prise pendant les moissons elle date des années 1930, devant lui probablement sa petite fille Clo.